Construire dans une dent creuse
Le projet est né sur une parcelle cernée de constructions, dans une dent creuse située dans le plus grand hameau d’habitats isolés de la commune rurale de Pruillé L’Éguillé.
La réflexion du projet porte autour de l’idée de construire une habitation dans cette dent creuse, l’investir c’est densifier ce hameau, bâtir sans recourir à l’urbanisation de terre agricole ou naturelle.
Le projet vient s’implanter en retrait sur la parcelle depuis l’espace public de telle manière qu’il devient presque imperceptible. La haie bocagère conservée crée un écran végétal, et conserve la respiration existante depuis la route. Se rapprocher de la limite de propriété ouest permet de conserver une large percée visuelle vers le paysage vallonné en arrière-plan.
L’architecture se dessine dans un volume épuré et compact sur un niveau. Un porte-à-faux se déploie pour marquer l’entrée et dessiner un espace extérieur intimiste couvert. L’espace de vie traversant permet de profiter de la vue sur la campagne et d’apporter une transparence. Le plan veut créer de la fluidité dans les espaces et des multiples cadrages vers la nature et le paysage verdoyant.
L’architecture tente de puiser au maximum les caractéristiques de son environnement : large baie au Sud pour capter les rayons du soleil en hiver et s’en protéger avec l’avancée qui joue le rôle de protection lors des périodes estivales, la grande haie existante à l’ouest qui garde l’intimité des espaces nuit et les protège des surchauffes du soleil du soir, les échappées visuelles vers le paysage singulier, etc…
Le parti pris est l’utilisation de matériaux naturels et bruts.
Le bois est le choix prédominant sur le projet. Il fait écho à la filière forestière ancrée sur le territoire et à la proximité avec la forêt de Bercé : forêt labellisée forêt d’exception dont les chênes ont été utilisé pour la reconstruction de la flèche de Notre Dame de Paris.
Le bois est utilisé aussi bien pour la structure que les finitions et l’aménagement intérieur.
Chaque essence est utilisée selon ces caractéristiques techniques, mécaniques et esthétiques.
Toute l’architecture se forme en ossature bois avec une isolation en fibre de bois entre montant et à l’extérieur. Deux porteuses en lamellé collé viennent dessiner l’avancée.
L’architecture est entièrement revêtue d’un bardage en châtaignier et d’un bardage en acier rouge qui viennent souligner les pleins et les vides.
Tout le cloisonnement intérieur reprend les mêmes matériaux, à savoir une ossature bois en épicéa, isolée entre montant en fibre de bois.
Les portes intérieures sont créés à partir de panneaux en épicéa.
Des panneaux en peuplier viennent parer les murs et les plafonds intérieurs, ils apportent un sentiment chaleureux et enveloppant. Les joints entre panneaux sont volontairement marqués pour créer des lignes qui viennent rythmer l’intérieur.
Le chêne est utilisé pour l’agencement intérieur : sur les plans de travail de la cuisine et des pièces d’eau ainsi qu’en sol dans les espaces nuit.
Une terrasse cerne l’habitation tantôt couverte, tantôt ouverte vers le ciel. Elle forme un socle qui ancre l’architecture au sol.
Chaque espace extérieur est conçu pour être un prolongement du dedans et profiter du dehors à chaque moment de la journée selon l’exposition. La lumière participe à l’architecture en la soulignant. L’aménagement paysager et de la cour viendra petit à petit prendre vie dans le temps et faire corps avec l’architecture.
La filière bois a permis sur ce projet un faible impact sur le contexte avoisinant et une rapidité de mise en oeuvre : la faune investissant toujours son territoire toute la durée de chantier.
Photographe : Hugo Vallienne & Angélique Chevreux