I – À PROPOS DE SARTHE HABITAT, MAITRE D’OUVRAGE
Sarthe habitat est un organisme public à caractère industriel et commercial, créé en 1949 par le Conseil Départemental de la Sarthe.
Depuis 75 ans, Sarthe habitat est un acteur incontournable dans le département. Son rôle est simple mais essentiel : proposer à tous les sarthois des logements locatifs :
– De qualité
– Adaptés aux attentes et aux ressources de chacun
– Adaptés à tous les âges de la vie
Avec près de 17 000 logements, Sarthe habitat est à la fois constructeur, aménageur et gestionnaire de logements locatifs. Il est un partenaire clé pour les collectivités locales en matière d’habitat, d’aménagement des territoires et de prestations d’expertise.
Au fil du temps, Sarthe habitat a étendu son activité aux métiers de l’accession à la propriété de logements neufs, de logements anciens de son propre parc, ainsi que la vente de terrains à bâtir.
Les différentes réalités économiques et sociales sur le territoire, que ce soit dans la métropole du Mans ou en zones rurales, amènent Sarthe habitat à proposer des solutions adaptées à chaque contexte. Cela peut être des logements mais aussi des équipements de santé, des commerces ou des services publics, toujours avec l’objectif de soutenir le développement local.
Enfin, sa stratégie foncière et patrimoniale intègre les grands enjeux sociétaux actuels : la réduction de la consommation d’énergie, le vieillissement de la population, l’accessibilité pour tous, et les nouvelles formes de mobilité.
II – A PROPOS D’ALTYN / ALTERESCO (filiale travaux et services énergétiques du groupe ALTYN)
ALTYN est un acteur de la transition énergétique, environnementale et numérique. Le groupe agit pour rendre les bâtiments et les territoires plus durables, grâce à ses différentes filiales : ALTEREA, BECIA, ALTERESCO, AVELTYS et CYRISEA.
III – POURQUOI CE PROJET POUR LE PRIX « APERCUS SARTHE 2025 » ?
Sarthe habitat souhaite mettre en lumière ses projets les plus innovants. Sa participation à ce prix est une façon de montrer l’engagement de son Conseil d’Administration, de ses équipes compétentes et de ses partenaires du bâtiment, qu’ils soient locaux ou régionaux et avec lesquels il noue des partenariats majeurs et ambitieux dans la durée.
C’est la raison essentielle de la participation de Sarthe habitat pour le prix « APERCUS SARTHE 2025 » organisé par le CAUE de la Sarthe qui repose sur deux axes indissociables : l’architecture et le patrimoine.
Le projet retenu dans ce cadre est le programme de rénovation de 251 logements locatifs situés place Georges Gauthier.
Il s’inscrit dans le cadre du dispositif expérimental « EnergieSprong », qui vise l’objectif d’une rénovation « à énergie zéro » après travaux entre consommation et production énergétique.
Dans un contexte de massification globale de l’expérimentation, c’est un projet unique à l’échelle nationale pour ce type d’immeuble de moyenne hauteur
IV – CONTEXTE DU PROJET
Aujourd’hui, la transition énergétique est un défi majeur, notamment dans le secteur du logement, qui produit une grande part des émissions de CO2. En 2023, au plan national, cela représentait 403 millions de tonnes de CO2 équivalent.
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Le logement social en particulier, avec ses 5,4 millions logements locatifs comptabilisés au 1/01/04 (soit plus de 20% du parc national), ne peut pas rester sans agir « énergiquement » pour diminuer drastiquement les émissions de CO2 dont il est à l’origine.
Face à cette urgence climatique et à la hausse corrélative des coûts de l’énergie, le mouvement HLM doit innover pour proposer aux citoyens de notre pays, des logements non seulement durables, mais accessibles à tous.
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1. Une ambition historique pour Sarthe habitat
Depuis 2005, Sarthe habitat mène une politique ambitieuse en faveur du développement durable, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique et à la transition énergétique. L’objectif : protéger les locataires face à la hausse du coût de l’énergie. Cette démarche s’applique aussi bien aux constructions neuves qu’à la réhabilitation, à l’entretien et à la maintenance du patrimoine.
Sarthe habitat anticipe les réglementations thermiques et mise sur des solutions constructives innovantes pour améliorer les performances énergétiques de son patrimoine, démontrant ainsi que le logement social peut être à la pointe de l’innovation.
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Par le passé, Sarthe habitat a fait appel au CAUE de la Sarthe pour réfléchir à l’avenir de certains quartiers, tel que le quartier Buffon à La Ferté-Bernard, dont les constructions ont été distinguées au titre du concours annuel de « l’Equerre d’Argent » organisé par la revue du Moniteur du BTP.
Par ailleurs, le CAUE de la Sarthe a été membre de droit des jurys de concours de maîtrise d’œuvre organisés par Sarthe Habitat pour :
– les maisons passives du Champ de la Croix à Étival-lès-Le Mans,
– la résidence « Passivia », rue Champion au Mans,
– les réhabilitations de la rue Courboulay au Mans,
en raison de ses compétences architecturales et sociétales, de sa connaissance du tissu local, de son histoire, de ses habitants… Des atouts précieux pour Sarthe Habitat au service du territoire.
Ces collaborations montrent un vrai engagement commun des acteurs locaux.
V – VISION
1. Visions de la stratégie patrimoniale
La stratégie patrimoniale d’un bailleur constitue son ADN : la base qui oriente toutes ses décisions.
Le parc immobilier a été constitué au fil des décennies, influencé par les politiques publiques successives, mais aussi par l’évolution permanente des modes de vie, attentes et profil des habitants. Le logement, qu’on imagine souvent comme un bien immuable, doit pourtant suivre ces changements pour répondre aux besoins.
C’est tout l’enjeu de la stratégie patrimoniale d’un bailleur social : proposer des logements qui répondent, dans la durée, aux attentes du plus grand nombre, tout en respectant les principes d’égalité et d’accès au logement.
Cette offre de logements doit aussi, sur le long terme, rester attractive conformément au modèle administratif et économique du logement social en France. Pour cela, elle doit conserver ses qualités grâce à une maintenance rigoureuse, préventive et efficace. Cela répond à une exigence croissante de qualité de service… mais qui devient aussi de plus en plus coûteuse.
La transition énergétique, conséquence directe du réchauffement climatique et de ses nombreux effets, est aujourd’hui l’un des principaux défis à intégrer dans la stratégie patrimoniale. Elle a un impact fort, notamment à travers les coûts liés à l’accès à l’énergie pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, les équipements (comme les ascenseurs) et les fluides (eau, assainissement…).
Pour y répondre, l’isolation des bâtiments existants reste souvent la solution de dernier recours. Ce n’est pas toujours la plus satisfaisante en termes d’efficacité sauf à y consacrer des sommes très importantes pour mettre en œuvre des solutions complexes.
En effet, l’emplacement d’un logement est aussi important pour les futurs occupants. Choisir de vivre loin des centres urbains pour réduire le prix du terrain peut entraîner des frais élevés (mobilités) et donc, une forte dépendance à la voiture (par exemple : transport des enfants aux activités extra-scolaires nécessitant parfois un 2ème véhicule).
C’est pourquoi Sarthe habitat investit également dans l’aménagement de terrains, non seulement pour proposer des parcelles à bâtir aux particuliers, mais aussi pour ses propres projets. Cela lui permet de mieux maîtriser les coûts d’usage et d’assurer une qualité énergétique optimale.
VI – VALEURS
1. Valeurs communes entre les acteurs
Le projet porté par Sarthe habitat et ALTYN/ALTERESCO repose sur trois aspects :
‒ Innovation environnementale : Réduction des consommations de fluides et d’énergie grâce à une isolation performante et à l’utilisation d’énergies renouvelables.
‒ Engagement social : Lutte contre la précarité énergétique et amélioration du confort des locataires.
‒ Collaboration et transparence : Implication des habitants dans toutes les étapes du projet.
–> Pour Sarthe habitat :
‒ Stratégie patrimoniale : ce projet s’inscrit dans la stratégie patrimoniale en matière de transition énergétique comme évoqué dans les paragraphes « V – Vision » et « VIII – Enjeux ».
‒ Engagements environnementaux et sociaux : Sont pris en compte dans le projet :
o La performance thermique et labels qualitatifs
o La réduction des consommations d’énergie (sobriété énergétique)
o La biodiversité
o La préservation du patrimoine existant (économie de CO² par rapport à la construction neuve)
o Le recours aux énergies renouvelables
o La participation des habitants
o La préservation du pouvoir d’achat des habitants
‒ Evaluation du projet, avec :
o Des indicateurs d’évolution des charges (énergie bois et électricité)
o La maintenance et l’entretien (respect des engagements contractuels CREM)
o L’observatoire de la production électrique solaire
o L’observatoire des autres opérations EnergieSprong (celle d’Allonnes pour Sarthe habitat + celles des autres bailleurs/USH Pays de la Loire) en vue d’analyser les conditions de reproductibilité du dispositif
o L’enquête de satisfaction auprès des habitants
VII – LE PROJET
1. Caractéristiques de la résidence Georges Gauthier
o Ensemble collectif constitué de 3 cages d’escaliers :
– 2 place G. Gauthier : R+9/R+10 (61 logts + 1 bureau d’accueil + 1 foyer associatif)
– 3 place G. Gauthier : R+10/R+12 (110 logts)
– 4 place G. Gauthier : R+10/R+14 (80 logts)
o Typologie des logements : 51 T1, 49 T2, 150 T3 et 1 T4
2. Situation urbaine
La Place Georges Gauthier se situe au sud de la Ville du Mans, à 13 min à pied et à 3 min à vélo de la gare SNCF du Mans. La distance au centre-ville est de 25min à pied et 7 min à vélo.
La résidence de 251 logements sociaux est localisée dans un quartier résidentiel proche des berges de l’Huisne.
Le site est celui des anciens abattoirs, encore très présent dans les souvenirs des habitants du quartier. Le bâtiment est un repère visuel urbain à grande distance. Sa hauteur dénote avec le tissu urbain dans lequel il s’inscrit. En effet, il a une hauteur allant du R+9 au R+14, avec des éléments variant en hauteur et en largeur, les uns par rapport aux autres et se trouve entouré de pavillons.
L’emprise et la volumétrie verticale et dominante du groupe d’immeuble impactent fortement sur leur environnement. Cette « tour/barre », architecture de la verticalité et de la surdensité, « un village vertical » de 251 logements, contraste avec les constructions et l’aménagement urbain environnant, une architecture de l’horizontalité et diffus. La « tour/barre » est implantée sur un vaste terrain, avec à l’origine, des surfaces en majorité minérales dédiées à la voirie et au stationnement et peu de surfaces végétalisées et qualitatives sauf sur son versant Est.
L’édifice est accessible depuis la place Georges Gauthier, offrant un espace de stationnement aux habitants face aux entrées principales, façade est, et l’accès à la voie pompier.
Côté ouest, l’espace végétalisé du Parc du Grand Pré se développe, proposant un lieu de promenade aux locataires.
Le groupe se trouve à proximité immédiate d’axes de circulation importants. L’arrêt de bus Jean Macé se trouve à l’entrée de la résidence connectant l’Est de la ville au Nord.
3. Présentation de l’opération
Ce projet fait partie du tout premier marché en France pour la rénovation de logements en
« énergie zéro » qui est partagé entre plusieurs acteurs. Il s’inspire du modèle EnergieSprong. C’est aussi une première en Europe pour un immeuble de moyenne hauteur (IMH) réhabilité de cette façon.
Pour faire avancer cette démarche dans la région, l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) des Pays de la Loire et 14 bailleurs sociaux des Pays de la Loire et de Bretagne se sont réunis autour de ce projet innovant.
Le groupe ALTYN/ALTERESCO a été choisi pour rénover 762 logements, dont les 251 logements de la résidence Georges Gauthier au Mans, gérés par Sarthe habitat.
ALTYN/ALTERESCO applique ici un programme appelé « E = 0 », c’est-à-dire que les logements ne consomment pas plus d’énergie qu’ils n’en produisent.
Pour y parvenir, 4 ombrières photovoltaïques d’une puissance totale de 340 kWc ont été installées sur le parking (3 unités) et sur le parc du Grand Pré (1 unité) représentant une surface totale de 1730 m² et composé de 782 modules. La totalité de l’électricité produite est revendu sur le réseau.
D’autre part, la résidence est dotée d’une chaufferie bois permettant de fournir le chauffage et l’eau chaude sanitaire des logements.
Ce projet a aussi une dimension sociale forte, car il vise à limiter les risques de précarité dans le parc locatif pendant une période (notion de bouclier énergétique).
4. Des labels et des certifications
L’engagement de Sarthe habitat a initialement porté sur la certification systématique « BBC Effinergie » de ses projets. Ses opérations en neuf et réhabilitation ont bénéficié de la certification H&E (Habitat & Environnement) CERQUAL. Le bailleur est allé chercher un niveau de performance de type BEPAS/ BEPOS (maison passive) et a étendu ses objectifs à l’obtention du label « E+C- (Energie Positive et Réduction Carbone) pour tendre vers les bâtiments « bas carbone ». Sarthe habitat investi maintenant l’approche EnergieSprong pour accélérer le développement des rénovations qui visent une consommation d’énergie égale à zéro.
5. Capitaliser sur les projets expérimentaux
Sarthe habitat développe une méthode de capitalisation pour l’analyse des différentes solutions retenues dans ses projets expérimentaux avant de les généraliser. Il en tire des enseignements :
‒ dès la conception pour la définition des meilleures prescriptions de prestations et de matériaux,
‒ pour des modes d’appel d’offres adaptés à chaque projet,
‒ pour le déroulement du chantier,
‒ pour les modes constructifs,
‒ pour le comptage et l’exploitation des consommations des différentes productions d’énergie.
Cette capitalisation permet au bailleur de mesurer les empreintes écologiques, économiques et environnementales de ses projets immobiliers.
Le site Georges Gauthier au Mans, a été retenu pour développer ce concept innovant et notamment pour démontrer sa capacité de développement sur un immeuble de moyenne hauteur (IMH).
Ce concept vise en premier lieu à l’atteinte d’un bilan énergétique égal à zéro à l’échelle du bâtiment, pendant 30 années.
Cet objectif est atteint par deux axes techniques forts identifiés sur le projet :
‒ Améliorer fortement l’isolation du bâti existant : ceci nous conduit à réaliser une Isolation Thermique par l’Extérieur de plus de 20 cm d’épaisseur sous un complexe d’isolation et de panneaux préfabriqués pour partie
A ce titre, il est important de préciser que les façades ont été réalisées pour moitié selon une pose traditionnelle et l’autre moitié en Façade Ossature Bois préfabriquée en usine.
Ces éléments de façade arrivent totalement finis sur le chantier puis sont fixés sur la façade d’origine. La manutention est réalisée par des grues et nacelles mobiles.
‒ Satisfaire la consommation énergétique résiduelle par des énergies renouvelables :
Dans ce projet, l’eau nécessaire au chauffage et l’Eau Chaude Sanitaire sont produites par une chaufferie bois implantée sur la parcelle. En complément, une production d’électricité photovoltaïque, par des ombrières d’une surface de 1730m² environ dont 1500m² au-dessus de sols déjà imperméabilisés, permet d’atteindre l’équilibre énergétique.
Autres objectifs du projet EnergieSprong :
Le projet ne s’arrête pas à la performance énergétique, mais vise également :
‒ À accompagner les locataires vers des comportements plus économes en énergie
‒ À améliorer le confort à l’intérieur des logements
‒ À embellir les parties communes et les abords de l’immeuble
VIII – ENJEUX DU PROJET
C’est dans ce cadre que le projet de rénovation « à énergie zéro » du programme Georges Gauthier s’inscrit, en adoptant le modèle EnergieSprong, par une approche innovante qui vise à atteindre un équilibre entre consommation et production énergétique.
o Conduite de projet
L’innovation telle que décrite ci-après dépasse de loin le cadre habituel du montage de projet, tant celle-ci impose aux acteurs, de sortir véritablement de leur zone de confort et de leurs pratiques habituelles.
Par exemple, l’écriture du cahier des charges par le maître d’ouvrage, concernant les choix techniques et qualitatifs, nécessite de prendre en compte des hypothèses encore inconnues à ce jour (comme le coût de l’énergie à 15 ans). Il convient donc d’appréhender ces hypothèses avec plus de finesse.
o Cadre règlementaire
Pour de tels projets innovants, le cadre réglementaire existant manque d’une réelle souplesse pour permettre leur réalisation. C’est pourquoi, il est souvent dit : « l’innovation a un temps d’avance sur la règlementation ».
Les enjeux du projet peuvent être ainsi déclinés :
1. Enjeux architecturaux
Les immeubles rénovés ont une présence visuelle forte dans le quartier, ce qui a été pris en compte dès le départ. Leur style contemporain tranche avec le reste du quartier.
Il est donc apparu important de conduire un dialogue avec la collectivité et les services concernés.
En effet, le respect de la qualité de ce patrimoine, de son environnement paysager et de son intégration dans le quartier restait un enjeu majeur pour Sarthe habitat.
Pour mémoire, Sarthe Habitat accorde une attention particulière à la préservation du patrimoine architectural des années 50. C’est dans cet esprit qu’en 2011, Sarthe habitat a entrepris un vaste chantier de réhabilitation des immeubles de la rue Courboulay, au Mans, construits en 1955 par l’architecte Jean Le Couteur. L’objectif affiché : « réhabiliter, restructurer et moderniser » ces logements tout en respectant leur identité.
Le traitement des façades ainsi que l’aménagement des abords de la résidence ont, au final, pleinement satisfait l’ensemble des parties prenantes.
Dans la même logique, la tour « Étoile » à Allonnes a été conservée dans le cadre du projet de requalification urbaine mené par l’ANRU. Cette décision a été le fruit de négociations menées au milieu des années 2000 par Sarthe Habitat auprès des instances compétentes à Paris.
2. Environnement paysager
La requalification des espaces extérieurs a été conçue dans le souci de la qualité d’usage propre aux habitants du site, mais également à l’attention du public, pour le lien piétonnier entre le domaine public (rue d’Arnage) et la salle communale Georges Guédou (impasse Floréal), riveraine du site. Pour cette salle, la collectivité a souhaité maintenir un passage « d’usage » initial, désormais « officiel ».
Par ailleurs, il convient de noter la prise en compte, dans le traitement environnemental du site, l’arrière des propriétés privées voisines situées impasse du Grand Pré.
3. Enjeux sociaux
L’implication active des habitants participe également à la réussite du projet.
Une vraie démarche de concertation (et non juste d’information ou de consultation) a été engagée. La complexité du projet ne permettait pas la mise en place d’une démarche de co-construction totale.
Le projet a fait l’objet de diverses présentations et soumis à l’avis des habitants.
De plus, le groupement a mobilisé un personnel dédié à temps plein tant en amont que pendant toute la durée du chantier (chargée de relation « locataires » particulièrement satisfaisant
En complément, le correspondant de site de Sarthe habitat, personne dédiée à ces immeubles, en charge de la relation locataires, est venue renforcer la chargée de relations locataires du groupement.
Sa connaissance des locataires, la confiance établie depuis plusieurs années entre notre collaboratrice et les habitants ont été autant d’éléments facilitant pour les faire adhérer au projet et surtout les mobiliser pour qu’ils acceptent la réalisation des travaux qui se déroulent en milieu occupé.
Les Conseils de Concertation Locative (CCL) ont été associés tout au long du projet.
Les habitants « Ressources » appelés « Ambassadeurs », ont été impliqués de la même manière.
L’ensemble des prestations proposées et/ou modifiées ont été validées formellement par les habitants.
Le relais de l’agence Sarthe habitat de Le Mans Métropole a permis de coordonner l’ensemble des actions et assurer les interfaces au quotidien.
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Préoccupations des locataires prises en compte
‒ Charges de chauffage futures (mise en place de l’observatoire de leur évolution après travaux sur une période significative de 3 ans : en cours)
‒ Stationnement (tension dans le quartier)
‒ Sécurité et tranquillité (contrôle d’accès et renforcement des portes de halls d’entrée des bâtiments et éclairage parkings essentiellement / Installation de vidéoprotection prévue)
‒ Cadre de vie avec l’amélioration des espaces extérieurs
Thèmes souvent évoqués lors des échanges
‒ Extérieur :
o Sécurité des parkings (barrières renforcées / travaux non encore réalisés)
o Taille des places de stationnement (travaux non encore réalisés)
o Accès au local vélo
o Vidéoprotection : réalisation hors travaux
o Signalétique des bâtiments
‒ Intérieur des logements :
o Ajout de sèche-serviettes dans les salles de bain : non réalisé
o Meilleure isolation sous les planchers des locaux non chauffés
o Sens d’ouverture des portes de WC : non réalisé
o Passage entre loggia et séjour à rendre plus accessible pour les personnes à mobilité réduite : non réalisé
Une enquête de satisfaction après travaux prenant en compte une période de fonctionnement significative, est prévue afin de mesurer l’impact de tous ces aménagements sur la durée.
4. Patrimoine / Techniques
Contrairement à de multiples expérimentations précédentes, ce dispositif réunit les conditions de succès suivantes :
– Massification des opérations par le traitement du plus grand nombre de logements, afin d’en diminuer les coûts d’intervention
– Préfabrication du plus grand nombre d’éléments et d’ensembles dans le même but d’optimisation des coûts et des délais
– Recours à des matériaux dont les cycles de vie, de la fabrication à l’élimination définitive, soient plus sobres en énergie (bio sourcés et naturels)
– Fonctionnement en mode projet de l’ensemble des acteurs
– Intégration de la maintenance technique des ouvrages réalisée dès les choix d’origine. (Usage conforme des équipements par les utilisateurs et pérennité de la performance initiale sur un temps long)
– Capitalisation au plan régional des expérimentations réalisées en EnergieSprong pour garantir une reproductibilité efficiente sur le plan financier, architectural, technique ou social
5. Energies renouvelables
Dans le cadre de l’optimisation énergétique et pour satisfaire les performances thermiques visées, il a été décidé d’avoir recours à une chaufferie bois construite sur le site, en remplacement de l’énergie électrique, assurant un chauffage en base au sol, complété de convecteurs d’appoint.
De plus, une partie des stationnements sur le sud de la parcelle a été couverte d’ombrières connectées permettant d’assurer une partie de la consommation du site.
6. Biodiversité
Un diagnostic sur la biodiversité existante a été sollicité sur le site auprès de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) d’Angers (49). A l’issue, une zone de nidification de martinets noirs, une espèce protégée, a été identifiée sur les bâtiments existants.
Une convention de partenariat a été conclue avec la LPO pour une mission de conseil et de suivi. L’objectif consiste à recréer en toiture des nichoirs adaptés, afin que le site puisse continuer d’accueillir ces animaux. Ce sujet a été abordé dans le cadre des rencontres avec les habitants et notamment avec le concours fructueux du public le plus jeune.
7. Financement
L’innovation a justifié une ingénierie financière complexe, sur-mesure et de haut niveau pour réaliser le plan de financement de ce projet. En effet, le modèle habituellement utilisé pour les réhabilitations classiques ne convenait pas dans ce cas.
La prise en compte de la maintenance future dans le marché de Conception, de RÈalisation et de Maintenance (CREM) illustre la notion de coût global et explique pour partie la complexité du montage financier.
C’est pour cette raison que les partenaires publics représentés par :
‒ L’Etat (MassiRéno)
‒ Le Mans Métropole, à travers ses financements pour la rénovation de « droit commun », ainsi que de manière exceptionnelle pour l’innovation proposée
‒ Le Conseil Départemental
‒ Le Conseil Régional
ont apporté une réponse significative et exceptionnelle. Ces concours ont permis de compléter le très lourd investissement de Sarthe habitat en prêts et fonds propres, dans le but de limiter significativement les hausses de loyers après les travaux.
IX – PROCESSUS DE CONCEPTION ET COLLABORATION
Ce projet est le fruit d’une coopération entre plusieurs acteurs :
‒ MASH est la centrale d’achat qui a coordonné le marché en conception-réalisation pour les bailleurs impliqués dans l’expérimentation menée dans les Pays de la Loire. Cette mission a été assurée par les services de l’USH des Pays de la Loire, au nom de l’ensemble des bailleurs participants ;
‒ Sarthe habitat, maître d’ouvrage, qui pilote la réhabilitation ;
‒ ALTYN/ALTERESCO, retenu pour la mise en œuvre technique ;
‒ Ossabois, fabricant des Façades à Ossature Bois (FOB) ;
‒ Les habitants, impliqués via une concertation active (réunions « ambassadeurs » habitants volontaires et accompagnement des habitants par le groupement) ;
‒ France Nature Environnement Sarthe, association partenaire pour sensibiliser à la sobriété énergétique auprès des habitants ;
‒ LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), partenaire pour sensibiliser les habitants à la biodiversité et pour intégrer les prescriptions techniques dans la conception (nichoirs en toiture).
–> Pour Sarthe habitat
‒ Conception et mise en œuvre : les principaux défis :
o Elaboration du cahier des charges commun à tous les bailleurs engagés dans la démarche
o Intégration de la maintenance dans l’appel d’offres CREM
o Suivi des opérations en commun avec les autres bailleurs (tenue des délais)
o Validation du projet par les habitants
‒ Rôles et responsabilités des acteurs :
o Fonctionnement obligatoire en mode projet (process instauré à Sarthe habitat basé notamment sur les lettres de mission et l’encadrement par des chefs de projet)
o Interfaces avec groupement, USH Pays de la Loire et partenaires locaux (Le Mans Métropole, Etat, ABF…)
o Contractualisations spécifiques (LPO, USH Pays de la Loire)
‒ Concertation avec les habitants :
o Formalisation de la procédure
o Motivation, sensibilisation, implication des habitants
o Pédagogie et vulgarisation (complexité technique et compréhension des enjeux de long terme)
o Accord final des habitants
1. Un chantier en site occupé mené en concertation avec les habitants
Une particularité de ce chantier est la présence des occupants tout au long des travaux. Dans ce cadre, Sarthe habitat et ALTYN/ALTERESCO, ont pris en charge l’accompagnement des locataires pour faciliter la bonne mise en œuvre du chantier.
Une Chargée de Relation Locataires d’ALTYN/ALTERESCO accompagne l’ensemble des locataires de l’immeuble depuis le démarrage des études jusqu’à la livraison du bâtiment. L’accompagnement des habitants pendant les travaux est un axe fort du management du projet, de la diffusion des plannings, aux réunions mensuelles en pied d’immeuble en passant par le suivi des doléances.
La Chargée de Relation Locataires est aidée de l’association locale France Nature Environnement Sarthe pour accompagner les locataires dans la réduction des consommations d’énergie. De plus, grâce à un dispositif d’Ambassadeurs, des locataires volontaires jouent un rôle de relais entre l’équipe travaux d’ALTYN/ALTERESCO, les locataires et Sarthe habitat pour présenter les logements témoins, accompagner la prise en main après travaux et communiquer au quotidien.
2. Intégration des besoins des usagers / habitants
L’accompagnement des locataires est un axe majeur du projet :
‒ Concertation continue : Réunions périodiques et communication transparente
‒ Accompagnement personnalisé : Une Chargée de Relation Locataires présente durant toute la durée du projet
‒ Dispositif d’Ambassadeurs : Locataires volontaires jouant un rôle de relais entre les habitants et les équipes travaux.
–> Pour Sarthe habitat
‒ Principales préoccupations : cf paragraphe VIII – Enjeux du projet 3 – Enjeux sociaux
‒ Accompagnement après livraison pour assurer une bonne prise en main des nouveaux équipements
‒ Retours d’expérience / impact sur les habitants des autres projets EnergieSprong (autres bailleurs) / consolidation USH Pays de la Loire
X – ASPECTS TECHNIQUES ET CHOIX DES MATERIAUX
Le projet repose sur des solutions innovantes pour garantir la performance énergétique :
‒ Isolation renforcée : Installation de FOB préfabriquées avec une épaisseur de 20 cm offrant un R de 5.7 pour une performance thermique optimale.
‒ Production d’énergie renouvelable :
o 4 ombrières photovoltaïques de 1730 m² pour une puissance de 340 kWc.
o Chaufferie bois équipée de 2 chaudières à pellets d’une capacité totale de 24 tonnes, répartie en 4 silos.
‒ Aménagements paysagers :
o Reprise des espaces verts après la pose des ombrières et de la chaufferie.
o Plantation d’arbres, création de bassins de rétention et d’une noue pour la gestion des eaux pluviales / infiltration naturelle
‒ Sécurité et esthétique : Bardage alternant verticalité et continuité horizontale, conception limitant la propagation du feu.
DPE avant et après travaux :
‒ Avant travaux : E 267 – GES B8
‒ Après travaux : B 98 – GES A2
–> Pour Sarthe habitat
‒ Etude d’impact sur l’empreinte carbone des matériaux (FDES : Fiche Déclaration Environnementale et Sanitaire)
‒ Maintenance future garantie par le groupement réalisateur
1. Des façades à ossature bois (FOB) au service de la qualité architecturale
Innovation majeure de ce chantier, des Façades à Ossature Bois (FOB) réalisées sur-mesure par l’entreprise Ossabois, partenaire industriel national, ont été installées pour garantir une isolation performante par l’extérieur.
De cette manière, la résidence bénéficiera d’une restauration aussi bien fonctionnelle qu’architecturale afin de répondre aux objectifs du Maître d’Ouvrage. Répondant aux critères d’une rénovation passive, au profit d’un bilan carbone favorable, ces FOB assurent des performances thermiques élevées ainsi qu’un isolement acoustique performant.
L’ensemble des éléments structurels, dont un bardage métallique, sont étudiés pour limiter la propagation du feu.
Le design extérieur mise sur une alternance entre des bardages verticaux, permettant d’élever les bâtiments, et des bardages de couleur oxyde, donnant une continuité horizontale aux 3 bâtiments. Un traitement végétal particulier est apporté à chaque bâtiment pour différencier le pied d’immeuble et les étages courants.
XI – PLANNING OPTIMISE ET GERE EN « LEAN MANAGEMENT »
Pour optimiser l’ordonnancement du projet, ALTYN/ALTERESCO a mis en œuvre la méthode de « lean management ».
Cette méthode de gestion et d’organisation du travail au profit de l’amélioration des performances d’une entreprise prend en compte l’ensemble des acteurs : habitants et ouvriers. C’est également un moyen d’assurer une rénovation E=0, avec un planning de travaux respecté dans un délai court de 18 mois.
Pour tenir ce délai, ALTYN/ALTERESCO mobilise des entreprises en capacité d’adresser un volume et une cadence d’intervention soutenus. 79% d’entre elles sont localisées en Sarthe ou région proche, respectant ainsi une volonté de faire travailler les acteurs locaux à tous les niveaux de la chaîne.
Le planning est mis à jour hebdomadairement avec une vision à la journée et à la semaine par corps d’état et par logement. Un retro-planning des approvisionnements et de la logistique du chantier ainsi qu’un planning de production en usine y sont intégrés.
–> Pour Sarthe habitat
La tenue des délais et notamment la date de signature par Sarthe habitat de l’Ordre de Service prescrivant au groupement le lancement de la préfabrication (FOB), a conditionné l’obtention d’une partie du financement MassiRéno (Etat) / USH Pays de la Loire.
XII – IMPACTS ET RETOMBEES A LONG TERME
Ce projet vise un impact durable :
‒ Zéro consommation nette d’énergie pendant 30 ans
‒ Diminution de la précarité énergétique grâce à un « bouclier énergétique » pour les habitants
‒ Valorisation de la résidence par une amélioration du cadre de vie
A l’échelle nationale, la reproductibilité du modèle pour de telles rénovations reste à consolider après une période d’exploitation suffisamment probante pour en témoigner, en prenant en compte :
‒ Le cadre juridique (marché CREM)
‒ La conception / préfabrication : FOB, volumétrie des opérations, caractéristiques des immeubles (hauteur, nature, forme, etc)
‒ Le modèle économique avec ou sans aides exceptionnelles
‒ L’adaptation des cadres règlementaires : administratif (marché public/conditions d’achat), technique (bureaux de contrôle,…..), urbanisme, environnement normatif (normes, labels…)
‒ L’adhésion règlementaire des habitants
‒ La mise en place d’indicateurs de suivi des consommations énergétiques pour s’assurer de la pérennité de la performance énergétique après travaux et ce, afin de s’assurer des engagements garantis par le groupement
‒ L’impact économique réel sur les charges des habitants (écart entre charges réelles constatées et celles théoriques) adhésion des habitants
L’intérêt d’autres maitres d’ouvrage bailleurs et collectivités locales à s’engager pour leurs propres ouvrages dans ce type de démarche, dépendra de la capitalisation des autres projets sur chacun des points précités.
Photographe : ALTYN